Comme quoi, tout arrive !
Posté : 15 mai 2016 10:36
Regardez ce que mon gentil facteur m'a apporté il y a environ 1 mois et demi !
(oui, ok, j'aurai pu faire ce post avant)
La surprise fût de taille, il est de ces choses qui sont comme le loup blanc : tout le monde en parle, mais personne de l'a vu ! Et à force on commence par douter de son existence.
Mais le contenu valait le coup d'attendre : comme pour les autres redfern, graphisme épuré, belles photos (dont de nombreuses en pleine page à fond perdu, j'adore), le tout richement rehaussé de nombreuses illustrations botaniques signées François Mey et Stan Lampard. Le format est intermédiaire entre les derniers (Magnum Opus & Compendium of Miniature Orchids, qui sont carrément énormes) et tous les précédents.
Pour ce qui est du fond, nos grassetologues ont bien travaillé : du travail de fourmi, une vraie révision et un paquet de publications et spécimens épluchés. Un vrai boulot de fond sur la globalité du genre, il y en avait vraiment besoin et ça n'a pas dû être facile vu le nombre d'auteurs !
En substance, on suit la tendance actuelle en terme de taxonomie botanique, qui elle-même découle de la conception issue de la zoologie. Les taxons clairs sont traités au rang spécifique, ou éventuellement au rang de sous-espèce si les différences sont insuffisantes mais qu'il y a une réelle unité génétique, le reste est relégué au titre de la variabilité phénotypique.
Exit donc les formes et variétés. On commence à s'y habituer, et avec le recul, je trouve ça plus clair.
Le genre Pinguicula dans la conception de cet ouvrage en 2 volumes comprend ainsi 91 espèces, dont uniquement un taxon infraspécifique : P. grandiflora subsp. rosea. Une endémique française donc, les chauvins se réjouiront.
Pas mal de rangs infraspécifiques ont été élevés au rang spécifique, comme P. caussensis, P. dertosensis, P. reichenbachiana. Mais aussi, il y a eu pas mal de mises en synonymie, dont certaines avaient été annoncées par Aymeric si d'aucuns ont suivi sa conférence à Lyon. Ainsi, le concept de P. vulgaris englobe de nombreuses espèces alpines, de même que P. moranensis inclut désormais quelques espèces mexicaines (P. rectifolia, P. zecheri, P. potosiensis).
Rien de très choquant à mon sens, ces synonymies révèlent une étude populationnelle à large échelle qui tranche avec la conception très "collectionneur" de nommer chaque population ou chaque clone d'un nom différent.
On peut néanmoins reprocher à l'ouvrage d'être sorti trop vite (si si, j'ai bien écrit ça !), et que les auteurs n'ont pas pu produire de cartes de répartition pour chaque espèce accompagnées d'une clé générale du genre. Ces deux éléments représentent un travail titanesque mais sont très importants pour une monographie de cette ampleur. A ce jour, seule la monographie du genre Genlisea a été aboutie jusque là chez redfern (mais on a 800 pages pour 23 espèces !). Je n'en ai discuté qu'avec Aymeric, et il a lui-même pointé cette absence.
Ah, et tiens, histoire d'être désagréable, j'ai trouvé dommage que nos grassetologues aient omis une des informations les plus intéressantes de ces dernières années en terme d'écologie du genre : la découverte de P. alpina dans l'archipel du Svalbard !
Cette omission rend la carte de la page 36 obsolète, et le dernier paragraphe de la page 35 complètement décalé : il est question de la limite septentrionale du genre, dont le record serait détenu par P. vulgaris au Groenland à 73°N.
Hors, P. alpina a été retrouvée à plus de 80°N ! Le chapitre dédié à l'espèce p.100 est donc légèrement désuet lui-aussi.
La critique est aisée mais l'art est difficile. Je me permets ces remarques pour avoir un ensemble objectif, mais il est clair que je salue l'ensemble du travail commis par l'équipe complète !
(oui, ok, j'aurai pu faire ce post avant)
La surprise fût de taille, il est de ces choses qui sont comme le loup blanc : tout le monde en parle, mais personne de l'a vu ! Et à force on commence par douter de son existence.
Mais le contenu valait le coup d'attendre : comme pour les autres redfern, graphisme épuré, belles photos (dont de nombreuses en pleine page à fond perdu, j'adore), le tout richement rehaussé de nombreuses illustrations botaniques signées François Mey et Stan Lampard. Le format est intermédiaire entre les derniers (Magnum Opus & Compendium of Miniature Orchids, qui sont carrément énormes) et tous les précédents.
Pour ce qui est du fond, nos grassetologues ont bien travaillé : du travail de fourmi, une vraie révision et un paquet de publications et spécimens épluchés. Un vrai boulot de fond sur la globalité du genre, il y en avait vraiment besoin et ça n'a pas dû être facile vu le nombre d'auteurs !
En substance, on suit la tendance actuelle en terme de taxonomie botanique, qui elle-même découle de la conception issue de la zoologie. Les taxons clairs sont traités au rang spécifique, ou éventuellement au rang de sous-espèce si les différences sont insuffisantes mais qu'il y a une réelle unité génétique, le reste est relégué au titre de la variabilité phénotypique.
Exit donc les formes et variétés. On commence à s'y habituer, et avec le recul, je trouve ça plus clair.
Le genre Pinguicula dans la conception de cet ouvrage en 2 volumes comprend ainsi 91 espèces, dont uniquement un taxon infraspécifique : P. grandiflora subsp. rosea. Une endémique française donc, les chauvins se réjouiront.
Pas mal de rangs infraspécifiques ont été élevés au rang spécifique, comme P. caussensis, P. dertosensis, P. reichenbachiana. Mais aussi, il y a eu pas mal de mises en synonymie, dont certaines avaient été annoncées par Aymeric si d'aucuns ont suivi sa conférence à Lyon. Ainsi, le concept de P. vulgaris englobe de nombreuses espèces alpines, de même que P. moranensis inclut désormais quelques espèces mexicaines (P. rectifolia, P. zecheri, P. potosiensis).
Rien de très choquant à mon sens, ces synonymies révèlent une étude populationnelle à large échelle qui tranche avec la conception très "collectionneur" de nommer chaque population ou chaque clone d'un nom différent.
On peut néanmoins reprocher à l'ouvrage d'être sorti trop vite (si si, j'ai bien écrit ça !), et que les auteurs n'ont pas pu produire de cartes de répartition pour chaque espèce accompagnées d'une clé générale du genre. Ces deux éléments représentent un travail titanesque mais sont très importants pour une monographie de cette ampleur. A ce jour, seule la monographie du genre Genlisea a été aboutie jusque là chez redfern (mais on a 800 pages pour 23 espèces !). Je n'en ai discuté qu'avec Aymeric, et il a lui-même pointé cette absence.
Ah, et tiens, histoire d'être désagréable, j'ai trouvé dommage que nos grassetologues aient omis une des informations les plus intéressantes de ces dernières années en terme d'écologie du genre : la découverte de P. alpina dans l'archipel du Svalbard !
Cette omission rend la carte de la page 36 obsolète, et le dernier paragraphe de la page 35 complètement décalé : il est question de la limite septentrionale du genre, dont le record serait détenu par P. vulgaris au Groenland à 73°N.
Hors, P. alpina a été retrouvée à plus de 80°N ! Le chapitre dédié à l'espèce p.100 est donc légèrement désuet lui-aussi.
La critique est aisée mais l'art est difficile. Je me permets ces remarques pour avoir un ensemble objectif, mais il est clair que je salue l'ensemble du travail commis par l'équipe complète !