Fonctionnement des pièges de Brocchinia et Catopis

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cesar
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Fonctionnement des pièges de Brocchinia et Catopis

Message par cesar »

Franchement, je trouve qu'il n'y a pas grand chose sur le sujet dans les bouquins français dédiés aux plantes carnivores. Et encore les nouveaux ouvrages ne font que rabacher les anciens. Je me suis donc intéressé au fonctionnement du piège de ces plantes carnivores. Tout est en anglais naturellement mais voilà ce que j'ai trouvé :

4 nouvelles espèces de plantes carnivores ont été découvertes ces dernières décennies :

:arrow: Brocchinia reducta
:arrow: Brocchinia hectioides pour laquelle j'ai peu d'informations
:arrow: Captosis berteroniana
:arrow: Paepalanthus bromelioides

Ce sont des monocotylédones, alors que jusqu'à présent les plantes carnivores étaient des dicotylédones. Les botanistes pensent que les monocotylédones sont plus primitives que les dicotylédones et ont donc été surpris de découvrir que des monocotylédones pouvaient être carnivores. Il faut voir les mono et les dico comme deux catégories différentes de végétaux.

Ces 4 plantes carnivores ne sont pas capables de digérer elles mêmes leurs proies, alors certains auteurs se sont amusés à les appeler protocarnivores. Ils ont du trouver l'idée géniale. De plus cela permet de créer un nouveau mot ... C'est sur cela fait plus intelligent. Une plante carnivore tout le monde connait, une plante protocarnivore peu de personnes peuvent se vanter de savoir ce que cela veut dire précisément. Ces plantes sont bien des carnivores à part entière car la digestion enzymatique directement par la plante n'est pas une condition sine quo none pour obtenir le statut de plante carnivore.

Revenons à ces 4 plantes. Le fonctionnement de leur piège est relativement similaire. Les feuilles poussent de telle sorte que leurs agencements aménagent une cavité remplie de liquide dans laquelle viendront se noyer les proies. Celles-ci sont attirés par diverses artifices : odeur douceâtre et/ou ultraviolets réfléchis. La digestion est ensuite assurée uniquement par des bactéries.

:arrow: Pour Brocchinia reducta, les feuilles poussent droite et forment un long tube vertical. L'eau de pluie s'accumule au fond du tube, dans un réservoir central qui dégage une odeur douceâtre de nectar, attractive pour les proies. Le liquide est très acide, puisque le pH tourne aux alentours de 2.8 à 3. Il ne manque plus qu'une composante pour que le piège fonctionne : la glissade. En effet, la face interne du tube est recouverte d'une poudre cireuse glissante et attractive (absorbe les ultraviolets). Les proies attirées, glissent sur les feuilles et terminent leur chute dans le bain mortel. Mortel car la poudre cireuse les empêchera de remonter. Les proies comprennent des fourmis, des petits arthropodes, etc. La plante ne libère pas d'enzymes. La digestion est assurée par la flore ayant élue domicile dans l'eau du réservoir central. Les nutriments libérés seront absorbés par des poils localisés à la base des feuilles, appelés trigones, qui ont la capacité d'absorber les acides aminés. Le puit central accueille aussi une flore commensale comprenant des arthropodes (pseudoscorptions), des ararignés, des larves de moustiques, etc.

:arrow: Pour Brocchinia hectioides je cherche encore.

:arrow: Pour Captosis berteroniana, les feuilles sont légèrement inclinées et recouverte d'une poudre blanche, glissante, et reflétant les ultraviolets. Les proies attirées par les ultraviolets, glissent et tombe dans le réservoir central sans aucun espoir de se libérer. Noyés, la flore bactérienne fera le reste.

:arrow: Pour Paepalanthus bromelioides , les proies seraient attirées par plusieurs artifices : les ultraviolets qui sont réfléchis par les feuilles, les nombreuses inflorescences très attractives pour les butineurs et peut être par le micro-climat (il fait plus frais à l'ombre des feuilles). Or la plante abrite une quantité de prédateurs, surtout des araignées. Les proies trompées par les ultraviolets réfléchis, égarées sur les feuilles, sont livrées à la curée. Leurs débris, ainsi que les excréments des prédateurs, tombent et s'accumulent dans un réservoir central. Tout comme les brocchinia précédent, celui-ci est formé par des feuilles disposées en rosette. Il contient un liquide acide (pH ~ entre 3,5 et 5,2), qui provient de la pluie et de la condensation du brouillard. Le liquide acide serait maintenu en place grâce à une sécrétion mucine produite par la plante. Celle-ci servirait aussi à rendre impossible la remontée des insectes dans le cas où ceux-ci y seraient tombés. La digestion est assurée par une flore microbienne. L'absorption des nutriments, tout comme Brocchinia reducta, est assurée par des poils trigones.


César :e79

vercingetorix
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Message par vercingetorix »

je crois que pour le second brochhinia les infos ont ete bloquée afin d'eviter un rush sur cette pauvre plante...mais peut etre cela a t'ilchangé depuis
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raph
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Re: Fonctionnement des pièges de Brocchinia et Catopis

Message par raph »

cesar a écrit : Ce sont des monocotylédones, alors que jusqu'à présent les plantes carnivores étaient des dicotylédones. Les botanistes pensent que les monocotylédones sont plus primitives que les dicotylédones et ont donc été surpris de découvrir que des monocotylédones pouvaient être carnivores. Il faut voir les mono et les dico comme deux catégories différentes de végétaux.
C'est vrai que c'est une erreur souvent faite. On parle souvent d'ancêtre pour des taxon ne possédant pas certains caractères dérivés. Mais en fait toutes les espèces présentes certaines évolutions qui leurs permet d'être adaptées à leur milieu. C'est juste qu'on base nos critères sur ce qu'on voit le mieux. Ainsi l'animal le plus évolué serrais l'homme, les végétaux le plus évolués serraient les dicotylédones. Mais en regardant un peu plus en détail, on vois bien que c'est sans fondement.
Ça me fait penser à notre dernier cours d'éco. Le prof disait que les gens trouvaient logique que le plus proche parents de l'homme soit le chimpanzé mais que peu acceptaient le fait que le plus proche parent du chimpanzé soit l'homme.
Enfin tout ça pour dire que l'on ne peux pas dire que certain végétaux sont moins évolué que d'autre. Ils sont tous adapté d'une manière différente. Il s'agit la d'une convergence, d'une adaptation similaire de deux groupe différents

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le grand lapin
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Message par le grand lapin »

hello,

en effet, pas bcp d'infos disponibles sur ces plantes, mais bon, on fait avec....
le "problème" de ces plantes est que pas grand'monde ne s'y intéresse, et que pas grand'monde n'a la possiblité de tracer les éventuels nutriments animaux absorbés par ces plantes....d'autre part, toutes ces plantes sont des Broméliacées...il risque donc d'y avoir d'utres découvertes ces prochaines années.

sont également considérées comme étant "protocarnivores" (ou "praecarnivores" ) :
Catopsis morenianna
Catopsis paniculata


j'ai ces deux plantes en culture, elles ne diffèrent pas bcp de Catopsis berteronianna

la particularité des Broméliacées est que leurs feuilles forment une sorte d'entonnoir, dans lequel viennent s'agglomérer des restes végétaux.....ces restes sont dégradés par une flore bactérienne et forment donc avec le temps une sorte d'humus, dont les nutriments sont absorbés par les plantes, un peu comme un engrais foliaire...maintenant, des restes animaux sont également fatalement présents dans cet entonnoir, et certaines plantes ont développé des stratégies pour en absorber les nutriments....ce sont ces plantes qui font partie de notre liste

sinon, concernant l'aide de micro-organismes pour la dégradation de restes animaux, on peut citer le cas de Sarracenia purpurea sp. , plante dont on c'est longtemps demandé si on pouvait lui accorder le même "statut" qu'aux autres Sarracenia......
on a également le cas de Heliamphora sp. , dont les restes animaux sont pré-digérés par des micro-organismes, le cas de Roridula sp. , plante pour laquelle on se demande encore si les nutriments animaux absorbés proviennent plutôt des fèces (les déjections) des insectes qui leur sont associées (Pameridae sp. ) ou des restes de cadavres animaux chassés par ces Pameridae, restes tombés au sol et dégradés....

on a également le cas des plantes telles que Capsella bursa-pastoris dont les graines sont "carnivores", dans le sens où lors de la phase de germination, elles aborbent les nutriments animaux en piégeant des micro-organismes dans la sorte de "gelée" qui entoure leurs graines.....ou encore le cas de Triphyophyllum pelatum, qui n'est carnivore que durant une courte période juvénile.....on peut également citer le cas de Befaria racemosa qui absorberait les nutriments animaux nitrogénés , celà selon Eisner (1983) (cette plante ressemble un peu à Roridula sp. mais sans les insectes)

(merci Jeff pour cette dernière info)

on voit que l'on a donc deux grandes familles de plantes carnivores :
celles qui ont développé des pièges et des organes spécialisés dans la dégradation (glandes productrices d'enzymes) et qui absorbent directement les composés nitrogénés animaux, des plantes telles que Nepenthes, Drosera, Pinguicula, Utricularia et d'autres, et un second groupe (dont nous venons de parler) dont le mode d'absorption des produits nitrogénés est plutôt de l'ordre du "profit indirect" : les plantes se sont développées d'une certaines façon, avant de "s'appercevoir" qu'elles pouvaient profiter de la mane représentée par les animaux piégés

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