23 février 2009.
Avec le recul, on peut rapprocher cela de l’extase religieuse… Il y a des moments comme cela où l’intellect se met en veille. Certains appellent cela un état second et c’est ma foi assez proche de ce que je ressentais après cette virée sur la route de Lundu. Toutefois – et c’est tant mieux- je n’ai pas eu le temps de décortiquer la confusion de mes sentiments.
« Nous allons à Bau », me dit Rosli.
Bau.
BAU !
N’importe quel amateur de Nepenthes digne de ce nom saura que le nom de cette bourgade de Sarawak et ses falaises de calcaire métamorphique sont inévitablement associées à Nepenthes northiana, ce Nepenthaceae nommé en l’honneur de Marianne North.
- Je me permets d’ailleurs de vous conseiller A vision of eden, The life and Work of Marianne North, un merveilleux livre consacré à l’œuvre de cette grande dame.
Comme je l’ai dit tantôt, Nepenthes northiana est l’espèce de plaine que j’affectionne le plus. J’apprécie l’esthétique de la plante, sauvage beauté reptilienne, mais je suis tout autant fasciné par son histoire, son écologie particulière et sa difficulté de culture. Je commence à peine à comprendre les besoins de cette plante en culture alors, l’idée de l’observer perchée, me toisant du haut de son château de limestone est une perspective d’une douceur inouïe.
Qu’elle me dévore.
Nous y voici.
Face à nous se trouve une de ces tours de calcaire : je sors les jumelles et avant même que notre guide ne puisse nous indiquer quoi que ce soit, je repère loin devant nous, un jeune plant de N. northiana perdu au beau milieu d'une pente rocailleuse, inclinée à 75°.
On m'explique que les northiana se trouvent bien plus loin mais je souhaite tout de même examiner cette plante et, sous le regard inquiet (ou sarcastique?) d'Elisabeth, je m'élance avec panache à l'ascension de cette edelweiss tropicale.
Alors que je ne suis plus qu'à quelques mètres de la plante, je me rends malheureusement compte que j'ai bien trop de gras pour me comparer à Ch'ien Lee et je me contente platement de prendre la plante en photographie avec mon zoom numérique. La classe.
Après cette première approche pitoyable, nous nous dirigeons vers la "colonie" principale et c'est avec une joie indicible que je découvre des Nepenthes northiana perché à plus de 50 mètres de hauteur.
Vous m'excuserez pour la piètre qualité des images mais notre appareil n'est pas conçu pour prendre des excellentes photographies à cette distance.
Ventilation, sol drainant, humidité importante, exposition ensoleillée, végétation environnante... Je me mets à imaginer comment je pourrai mettre tout cela en oeuvre en culture...
Alors que nous tentons de nous approcher, mon guide nous dévoile, tout en haut d'une pente escarpée auquel nous avons accès, un merveilleux spécimen!
pour Morrissey !
