quelques notes sur le climat tropical de plaine

Vous pouvez déposer ici vos reportages sur le terrain (tourbières, etc.), ainsi que vos questions sur la flore locale et la protection des biotopes hébergeant les plantes carnivores (législation, arrêtés, CITES...)
Avatar du membre
le grand lapin
Messages : 4806
Enregistré le : 31 août 2003 14:54
Localisation : Macouria Guyane_Française
Contact :

quelques notes sur le climat tropical de plaine

Message par le grand lapin »

Hello,

Je vis en Guyane Française depuis 1 an ½ maintenant et j’aimerais vous faire part de quelques observations qui nous aideront, je l’espère, à mieux comprendre le climat tropical de plaine, et ce qu’il en résulte pour nous en termes de culture de plantes carnivores en provenance de ces pays.

Cette région est soumise à un climat de type tropical, on pourrait presque dire équatorial puisque nous sommes quasiment sur l’Equateur. La Guyane est située au niveau de la mer, et possède quelques montagnes très érodées, aux flancs arrondis dont l’altitude se situe au maximum entre 700 et 800m. Ces montagnes sont couvertes de forêts ; on note également la présence d’Inselbergs – il s’agit de formations rocheuses émergeantes et totalement dénudées, aux parois très abruptes. D’une façon générale, une végétation s’installe sur le haut de l’Inselberg, puis colonise peu à peu les parois ; ainsi, les masses végétales restent elles en connexion constante : nous n’avons pas affaire à des montagnes tabulaires – les Tepuys – dont la végétation est isolée de celle de la forêt vierge.

Puisque je cultivais des Nepenthes en France, je me suis dit « profitons de ce climat » car en effet, le climat que nous avons est parfaitement adapté à la culture de ces plantes, tout le moins les espèces de basse altitude. Précisons tout de suite également que j’ai pu rencontrer un collègue cultivateur, spécialiste des cactus et cultivant divers Nepenthes sp. ; Ces plantes proviennent toutes de culture in vitro et ont été acquises auprès de Wistuba ou encore de Malesiana Tropicals ; aucune ne provient d’un cultivateur amateur.

Eh bien je dois dire que ces plantes étaient en très bonne forme, petites encore, mais âgées au plus de 3 ans. Certaines avaient dépassé le stade juvénile et produisaient pour la seconde ( !) année des urnes supérieures…je me rappelle mes cultures en France, où il me fallait au minimum 3 ans pour arriver au même stade….sous climat tropical, la pousse des plantes est donc très accélérée, mais cela est aussi et surtout dû au fait que les plantes poussent sous un climat où la température est constate, et sous forte humidité : des conditions absolument idéales pour nos plantes, et cela sans contraintes : il suffit de suspendre sa potée de Nepenthes à l’ombre d’un arbre, ou sous une serre recouverte d’un filet à mailles serrées pour voir sa plante s’épanouir !

Examinons maintenant ce climat de plus près.
En Europe, nous avons une certaine image de ce qu’est un climat tropical : il fait chaud, humide, l’atmosphère est étouffante, et il pleut tout le temps. Ou plutôt, quand il pleut, on a l’impression qu’il pleut depuis « toujours »….ce n’est pas tout à fait faux, mais pas tout à fait vrai non plus, et il y a des subtilités fondamentales très importantes que nous avons tendance à négliger car nous n’en avons pas forcément connaissance non plus, il faut dire.

Du coup, nous cultivons nos Nepenthes dans des terrariums que nous chauffons, que nous éclairons, et dans lesquels nos plantes doivent s’adapter pour y vivre.
Certains auront également fait l’expérience des champignons (j’en fais partie), de la surchauffe des feuilles (j’en fais partie), de la perte de plante jeunes dû à la fonte des semis (j’en fais partie)…… bref, vous l’aurez compris, long est le chemin avant de maîtriser pleinement la culture de plantes d’origine tropicale pour le débutant….

J’ai pu découvrir tout au long de mon parcours de cultivateur de plantes carnivores que je faisais des erreurs, que mes théories n’étaient pas forcément les bonnes, et que les plantes sont obligées de s’adapter aux conditions que nous leur donnons.
Or, si ces conditions sont à peu près bonnes, la plante vivra, si les conditions sont par trop mauvaises elle périra.
Et si les conditions sont excellentes, la plante sera resplendissante et en excellente santé, et surtout se développera de façon naturelle sans aucune intervention de l’homme : pas de soins particuliers, pas de surplus d’engrais, pas de tuteurage des hampes, pas de compost ultra-spécifique….attention, cela ne veut pas dire que la plante sera laissée à l’abandon !
Non, cela veut dire que la plante poussera seule, sans avoir besoin des soins de l’homme, car elle est en bonne santé, tout simplement….

L’une des premières erreurs que j’ai commises en cultivant des plantes de climat tropical a été de croire ce que tout le monde croit, càd ces théories sur la température et l’humidité élevées dont je parlais plus haut. J’ai donc reproduit ces températures et ces hygrométries élevées dans mes terrariums, et évidement j’ai découvert que ce n’étaient qu’une suite sans fins d’erreurs que je commettais là… l’un des plus gros problèmes auxquels on est confronté est le renouvellement d’air.
En effet, avec un air confiné, qui ne circule pas, les champignons se développent.
Puis, d’autres erreurs me sont apparues, que j’ai corrigées par la suite.

Notons également que dans la « carrière » d’un cultivateur de plantes « exotiques », l’expérience est nécessaire, mais que celle-ci s’acquiert parfois de façon indirecte ; en effet, souvent, on est face à un problème, mais il nous manque l’info essentielle pour continuer à progresser.
Par exemple, si on ne sait pas que la sphaigne se décompose à partir de 30°C, on aura beau essayer de semer des graines de neps sur le plus beau des lits de sphaigne hachée de Nouvelle-Zélande et à entretenir amoureusement une température de 34°C comme on l’ »estime » être la température d’une Jungle de Bornéo…..vous m’avez compris, je ne continue pas.
Ah si…la sphaigne entre dans la composition de la tourbe….donc pas de compost à base de tourbe pour les neps de basse altitude si on décide de les cultiver assez chaud (ou si l’on vit directement sous climat tropical, comme moi)

Parlons un peu de la végétation que l’on rencontre sous un climat tropical dans une zone de basse altitude (ce qui exclut les Nepenthes de haute altitude et Heliamphora) .
J’ai observé une chose très marquante : toutes les plantes se sont protégées contre l’ardeur du soleil ; soit elles poussent à l’abris des rayons du soleil, soit elles poussent en plein soleil. Il n’y a pas vraiment de végétation intermédiaire : pas de petits bois ouverts, ou pousseraient qques arbres de cî de là, et où l’on pourrait se balader.
Non : soit on est en plein soleil, dans une savane ou un marécage par exemple, soit on est sous le couvert végétal, d’une forêt secondaire ou d’une forêt primaire, et dans tous les cas on est à l’ombre. Les plantes y sont graciles : c’est le royaume des lianes, des mousses, des herbes, des petites palmes qui poussent en sous bois, abritées de la chaleur du jour par les arbres les plus hauts. Dans les forêts anciennes, dans la forêt primaire, les arbres sont plus hauts, 40/50m, et l’on marche dans des sous bois frais, où la vision porte à 30/40m.
En plein soleil, royaume de nos plantes, les feuilles sont coriaces, épaissies, couvertes de poils, de soies, de duvets, elles sont cireuses, très rigides, cassantes quand on les manipule. Les plantes de cette zone ont une taille moindre, les arbres les plus hauts sont les palmiers…

En Guyane, on trouve :
Drosera cayennensis savane inondable
Drosera capillaris savane inondable
Catopsis berteronianna altitude, sur les Inselbergs
Genlisea pygmaea savane inondée, dans les étangs
Utricularia adpressa savane inondée
Utricularia amethystina savane inondée, dans les étangs
Utricularia benjaminiana savane inondée, dans les étangs
Utricularia choristotheca altitude, connue uniquement de deux stations sur des Inselbergs
Utricularia cucullata savane inondée, dans les étangs
Utricularia gibba savane inondée, dans les étangs
Utricularia guyanensis savane inondée
Utricularia hispida savane inondable, en bord de ruisseau
Utricularia hydrocarpa savane inondée, dans les étangs
Utricularia jamesoniana forêt, en bord de rivière, sur les arbres moussus
Utricularia juncea savane inondable
Utricularia myriocista savane inondée, dans les étangs
Utricularia nana savane inondable, plante minuscule
Utricularia pusilla savane inondée ou inondable, bord de piste, de ruisseau
Utricularia simulans savane inondée
Utricularia subulata savane inondée ou inondable, bord de piste, de ruisseau
Utricularia tenuissima savane inondable, plante minuscule
Utricularia triloba savane inondée ou inondable, bord de piste, de ruisseau
Utricularia viscosa savane inondée, dans les étangs

J’ai eu la chance d’observer presque toutes les plantes de plaine (sauf D.cayennensis et qques utrics) , plantes sur lesquelles je ferais une communication ultérieurement.
Il est à noter que les savanes où s’épanouissent les utriculaires et drosera observés sont toutes des zones inondées uniquement durant les saisons des pluies, soit de janvier à février puis d’avril à juin. Entre la petite et la grande saison des pluies, les plantes subissent une intersaison plus sèche, mais néanmoins pluvieuse ; ainsi, ces plantes poussent elles toujours dans un biotope humide.
Seuls les Drosera démarrent leur pousse dès le début de la petite saison des pluies, vers janvier-février. Puis arrive la grande saison des pluies, très humide, extrèmement pluvieuse, où s’épanouissent les utriculaires.
Pendant tout les reste de l’année, seules certaines utriculaires aquatiques subsistent, toutes les autres plantes disparaissent pour la durée de la saison sèche ; cette saison qui s’étend de juillet à décembre est marquée par une quasi absence de pluie, à l’opposé de ce que l’on appelle le petit été de mars, l’intersaison entre les deux périodes de pluie.

TEMPÉRATURE :
Sous les tropiques, elle est quasiment constante sur l’année ; en Guyane par exemple la température oscille entre 25-27°C et 30-32°C de moyenne mensuelle, et on ressent la différence entre une période de saison sèche et une période de saison des pluies. Mais il faut avouer que ces différences de température sont si minimes que l’on peut les négliger pour ce qui est de la culture des plantes en conditions artificielles.
Personnellement, je vis avec la même garde-robe toute l’année, et je ne change pas d’habits d’une saison à l’autre. Nous n’avons pas non plus d’épidémies de « grippe » ou autres liées à des changements de saison telles que l’on peut en voir en Europe lors du passage à l’hiver ; tout ceci est donc un signe visible que la température reste identique toute l’année ou varie très très peu.

Le jour, la température moyenne, sur l’année, varie entre 25-27°C si le temps est pluvieux et si on est en saison des pluies, et 30-32°C si on est en saison sèche, avec un beau soleil si le ciel est bleu.
Pointes à 34°C en 2008

En plaine, la nuit, la température baisse de 2 à 3 degrés environ, quelle que soit la saison. Si il pleut durant la période nocturne, on perd peut-être encore 1 à 2 degrés, mais ce n’est pas sûr, car les pluies n’affectent pas trop la température ambiante : la pluie parait même « chaude » et ne vous dérange pas comme ce serait le cas avec une pluie froide en Europe.
En forêt, la température chute beaucoup plus. Ainsi, on peut observer des chutes de presque 15°C par rapport à la température diurne ! j’en ai fait l’expérience lors d’un séjour à la station des Nourragues, une station scientifique située en pleine forêt, à qques centaines de mètres d’altitude. La nuit, les températures les plus basses que j’ai eu à supporter étaient de l’ordre de 15 à 16° Centigrades…. Une nuit il a fait si froid que nous en avons tous parlé au déjeuner, c’est dire.

Ceci est valable pour l’air, dans une situation ombrée. En plein soleil en pleine saison sèche, la température monte encore, et si on se trouve sur un Inselberg de granite nu, la température ambiante peut monter à plus de 50°C avec une température au sol de 70°C !
Mais bon, là ce sont des milieux hyper spécialisés, où poussent des plantes que nous ne cultivons pas.

Concernant le sol, j’ai eu l’occasion des faire des mesures de température aux Antilles, sur les pentes des volcans, j’ai fait la même chose ici, donc en zone continentale :
La température du sol est sensiblement égale à la température de l’air, quelle que soit l’exposition.
Càd : que l’on soit en plein soleil ou à l’ombre, la température ambiante varie tellement peu qu’elle n’influence pas la température du sol, et ça toute l’année

Conséquence pour la culture de nos plantes : chauffer par en dessous est une bonne solution, car ainsi les racines seront à « telle température X », et 90% de nos plantes pourront pousser dans un terrarium dont la température interne sera X…pas besoin de surchauffer nos terrariums ! 25 à 27°C toute l’année en tant que température de consigne du chauffage suffira largement pour proposer à un Nepenthes des plaines une température où il s’épanouira.
Surtout, il faudra veiller à isoler nos appareils d’éclairage du volume intérieur de nos terras, cela évitera la surchauffe !
J’ai commencé à obtenir de bons résultats avec mes Nepenthes le jour où j’ai sorti les néons du terrarium et que je les ai placés au-dessus du terra, séparés par une vitre du volume intérieur….ben oui, « autrefois » on pensait qu’il en fallait toujours plus que nécessaire…


LUMIÈRE :
Ici la luminosité est influencée par la couverture nuageuse, comme partout, mais à la différence des pays européens où la quantité de lumière solaire reçue varie fortement au cours de l’année – ceci est surtout fonction de l’inclinaison de la Terre - sous l’Equateur cette quantité de lumière reçue reste constante toute l’année, à qques % près évidement. De plus, le soleil s’y lève et s’y couche à heures régulières, en gros lever vers 6h00 et coucher vers 19h00 toute l’année.
Il en résulte que nous pouvons utiliser un seul système d’éclairage avec un seul réglage des plages horaires dans nos terra, toute l’année. Ça simplifie la maintenance….perso, j’avais réussi à créer des terrariums à un tel point « abouti » en termes d’autonomie que je n’intervenais que tous les deux ou trois mois : si j’avais continué dans cette voie, je serais certainement arrivé à ces terrariums que j’ai pu voir chez certains collectionneurs allemands, qui avaient réussi à recréer de véritables biotopes où ne manquaient que les insectes…

La luminosité maximum sous les tropiques est inférieure à celle de n’importe quelle ville européenne en plein été par une journée très ensoleillée…

JE RÉPÈTE :
La luminosité maximum sous les tropiques est inférieure à celle de n’importe quelle ville européenne en plein été par une journée très ensoleillée…

Je l’ai mesuré. Avec un luxmètre, un appareil qui mesure les lux, unité de mesure de l’éclairement. Vous retrouverez ce résultat n’importe où sur le Net également.
En Europe, on peut avoir des mesures de 170 000 lux à 190 000 lux un jour de beau soleil en Provence, alors qu’ici, même avec le soleil le plus « piquant », on ne dépassera pas
les 150 000 à 160 000 lux, soit 10% de soleil en « moins » au minimum (façon de parler) que ce qu’on a en France en été…c’est à méditer, non ? Surtout si on a tendance à penser qu’il faut en mettre « plus » que chez-nous…

Pourquoi ce résultat ? à cause de la nébulosité naturelle, due au très fort taux d’évapotranspiration (par les forêts, immenses) et par l’évaporation de l’eau océanique je suppose.
J’ai également pu remarquer que cette humidité ambiante peut jouer un rôle important dans un autre domaine : elle diffuse la lumière (à condition qu’il y en ait, évidement) et donc, il n’y a pas d’ombres franches : les plantes sont toujours plus ou moins baignées dans un halo diffus de lumière, pour peu que l’on soit dans une zone montagneuse à hauteur des nuages accrochés sur les flancs, ou dans une vallée emplie de brouillard.
En gros : si on cultive une plante poussant naturellement au pied des buissons sur les pentes d’un volcan à Bornéo, dans une zone couverte de mousses, il faudra se dire que cette plante ne pousse pas « à l’ombre » du buisson, ce qui peut être important pour le placement des plantes.

Ceci est la quantité de lumière reçue directement. Ou en plein soleil.
Si l’on se met à l’ombre, en forêt par exemple, la quantité de lumière disponible pour les plantes peut chuter à 5% de ce que reçoivent les couronnes des arbres…soit 95% en moins !

Ce résultat peut avoir des conséquences pour cultiver des plantes à partir de graines. Si elles poussent, naturellement, plutôt sur le sol puis grimpent ensuite aux arbres comme par exemple un Nepenthes, on peut raisonnablement se dire qu’il faudra veiller à changer le nombre de tubes néon de nos terras au fur et à mesure de la pousse de la plante.

Ici en Guyane le soleil brille tous les jours, hormis de très rares suites de journées pluvieuses. Il en résulte que les plantes reçoivent peu ou prou toujours la « même » quantité de lumière tout au long de l’année, avec évidement deux grands pics : la pleine saison sèche et la pleine saison des pluies.
Par observation personnelle, j’ai l’impression que la lumière varie très très peu tout au long de l’année : on a toujours besoin de ses lunettes de soleil, quelle que soit la saison. Evidement, en saison sèche, on a du soleil tous les jours garantis, mais l’effet le plus important est surtout calorifique dans ce cas…
J’aimerais ajouter ici que je me suis occupé de la maintenance d’installations solaires réparties sur la Guyane, tant en forêt que dans les plaines.
Il faut savoir que la production d’une centrale solaire dépend de la quantité de lumière réceptionnée et convertie par les panneaux solaires.
Par observation de mes tableaux de maintenance et de visu en me rendant sur place, j’ai pu constater que la production d’une installation solaire est quasiment la même que ce soit en saison des pluies ou en saison sèche : on perd en gros 10 à 15% de lumière d’une saison à l’autre ; donc, ceci doit être un très bon indicateur pour pouvoir affirmer que la quantité de lumière reçue par n’importe quelle plante tout au long de l’année est quasiment identique sous climat tropical ou équatorial de plaine.
Ceci nous fait arriver à :

HUMIDITÉ :
L’humidité dépend essentiellement de deux facteurs :
- pleut il ?
- est ce le jour ou la nuit ?

En effet, l’hygrométrie varie énormément durant la journée pendant la saison sèche alors qu’elle varie très peu durant la saison humide ; il en est de même entre le taux d’humidité du jour et de la nuit : ils peuvent varier de 20% avec une météo identique ! en effet, le jour l’atmosphère est plus sèche tandis que la nuit se lèvent des brouillards, et que chute la température….

Sous climat tropical, l’hygrométrie varie beaucoup tout au long de l’année.
En période sèche, l’air est vraiment sec. Le sol se craquelle, les ruisseaux et les canaux sont vides, les savanes inondables sont sèches, et des feux de brousse se déclarent.
S’il ne pleut pas durant un mois, on imagine les conséquences sur une « plante d’humidité » comme une plante carnivore….il en résulte que si Nepenthes doit supporter une saison sèche dans son pays d’origine, il en sera également capable en culture artificielle. Néanmoins, en climat tropical, atmosphère sèche ne rime pas avec « sècheresse absolue » ; en effet, en saison des pluies, l’hygrométrie est d’environ 90 à 95%, avec parfois des taux supérieurs lorsque les brouillards générés par l’évaporation de l’humidité du sol se lèvent. Ainsi, si en période sèche on assiste à une perte de 20% d’hygrométrie, on est toujours aux alentours de 75…et encore 10% de moins au plus fort de la saison sèche, ne nous ramènent qu’à 65% d’hygrométrie.

Attention : ces chiffres sont valables alors même que les températures ont grimpé ! le point de rosée n’est donc pas le même que pour des températures plus basses, ce qui veut dire que dans les fait, la quantité d’eau contenue dans l’atmosphère reste quasiment…inchangée, à 10/15% près. En tout cas, on peut négliger cet effet pour les plantes vivaces toute l’année telles Nepenthes, et les laisser croître dans un environnement à humidité constante : elles n’ont pas besoin de période sèche, mais peuvent très facilement y résister.
En effet, pour ces plantes, vivre dans un sol qui sèche de temps en temps, avec une humidité de l’air quasiment constante, voire plus intense (par génération de brouillard par exemple) de temps en temps est comme vivre au paradis !
Prenez un Nepenthes provenant d’un cultivateur maîtrisant tous ces paramètres, et installez le chez un autre cultivateur maîtrisant lui aussi ces paramètres, et l’on observera que la plante ne présentera aucun ralentissement ou difficulté dans la reprise ! pas de période d’adaptation, pas de stress du rempotage, non, on voit une plante qui continue de croître comme si de rien n’était.

Il en est de même ici. Prenez un bâton et enfoncez le dans le sol, il fera des feuilles (si le bâton n’est pas sec, évidement…). Une plante qui tombe ou un arbre qui se déracine à moitié continuera à pousser. La couronne s’orientera vers le haut et éventuellement l’arbre ou le buisson lancera même de nouvelles racines vers le sol… La plante s’enracinera dans le sol en produisant elle aussi des racines à partie de ses noeuds ; si c’est une épiphyte, elle survivra le temps de fleurir.
On voit donc que le climat tropical est extrêmement favorable à la culture des plantes qui poussent sous un tel climat à des vitesses vertigineuse ! Ceci étant valable pour toutes les plantes, hormis certains arbres à bois dur. Bon, j’exagère à peine en disant cela, mais il est vrai que l’on voit par exemple les personnels des services de la mairie venir faucher, tous les 3 mois, des canaux envahis d’herbes de 2m de haut, ayant fructifié plusieurs fois déjà….

L’humidité dans l’air dépend donc de la présence ou non du soleil, représenté dans nos terrariums par les éclairages artificiels :
En journée, humidité plus basse car température plus élevée : la chaleur est surtout générée par les infrarouges de l’éclairage artificiel, l’éclairage naturel étant négligeable sur ce point.
La nuit, humidité plus élevée, puisque la température a chuté : on retrouve l’effet du point de rosée. L’essentiel étant d’avoir une humidité relative de nuit comprise entre 75 et 80%, ce qui est facile à obtenir dans un terrarium clos. Ainsi, en conservant une humidité constante dans notre terrarium avec ce seul paramètre, on fera vivre nos plantes dans d’excellentes conditions.

CIRCULATION DE L’AIR :
Dans les pays tropicaux, que l’on soit en bord de mer, en forêt, en montagne à l’intérieur du pays, on ressent les effets du vent. Bien peu de fois j’ai eu l’impression d’une atmosphère lourde, car on est toujours bercé par une brise. Les alizés en provenance de l’océan, immense surface générant d’immenses effets, entrent en contact avec une masse continentale de façon continue peut on dire. Il en est de même sur les îles, où il existe une circulation des vents quasi constante. Il est donc essentiel de faire la même chose dans nos terrariums. Quelques ventilateurs feront l’affaire. Personnellement je les déclenchais en dehors des périodes de brumisation.
Il faut également veiller aux échanges d’air avec l’extérieur ; ils doivent être rendus possibles, en réalisant par exemple une découpe recouverte d’une grille dans les parties hautes et basses du terrarium. Une prise d’air dirigeant le flux d’air externe vers un ventilateur pourra être envisagé si l’air repris n’est pas trop froid.

On constate donc que le climat tropical n’est pas si chaud que cela. Une température aux alentours de 25, 26, 27°C pendant la majeure partie de l’année avec un pic à 30°C, 32°C pendant deux mois de l’année, correspondant également à une période plus sèche.
Voilà ce qu’est un climat tropical. Assez comparable dans ses températures à celles d’un été ensoleillé en France, dans une région telle que l’Alsace par exemple….la différence entre le climat européen et le climat tropical est que ce dernier dure toute l’année, alors qu’en Europe, l’été s’étale sur 3 mois.

Seconde différence, le taux d’humidité est beaucoup plus important. Dans les plaines, il y a beaucoup de zones inondées dès qu’il pleut, il pleut presque chaque jour (aujourd’hui par exemple, au jour ou j’écris cet article, 27 mars 2009, nous sommes en petite saison sèche, il a plus cet après midi durant 1h30 par à coups, hier rien du tout). Le sol est constamment humide, sauf durant les mois les plus chauds, ce qui aide aussi à générer de l’humidité dans l’air. Les taux d’humidité atteints ici « tous les jours » n’existent presque pas en Europe, hormis les jours de pluie….

La question est donc : comment reconstituer facilement un climat tropical tel que dans un terrarium par exemple ?
Une solution est par exemple d’utiliser un bac étanche rempli d’eau dans lequel on installe un chauffage, température de consigne réglée sur 27°C (ou autre, selon vos essais) et sur lequel est installé une grille où reposent les pots contenant les plantes. Le tout est recouvert d’un montage assurant une étanchéité parfaite avec l’extérieur, montage que l’on peut réaliser à l’aide de plaque de verre, de pvc, etc…l’éclairage est installé sur le dessus, sur les côtés si on le désire, ainsi que des brasseurs d’air interne, et un système de brumisation. Tout ce petit monde sera actionné par de simples horloges. Ne pas oublier les échangeurs d’air.
Modifié en dernier par le grand lapin le 01 avr. 2009 15:34, modifié 1 fois.



mat jak
Messages : 1212
Enregistré le : 06 juil. 2006 0:59
Localisation : Bordeaux

Message par mat jak »

Super le topo Grand lapin !!! :cool:
après je te trouve un peu sévère quand à la culture en France ! Mais bon à chacun son point de vue ... les choses évolues est bien heureusement .

Par contre les différentes informations sur les drosera et utri. qui pousserait en condition lowland m'intéresses.
Après plus d'informations sur les sols que tu as pu rencontrer seraient vraiment bien aussi .Pour ma part , c'est vraiment sur ce point que j'en ai le plus à apprendre.

Mais il y a un truc qui me chiffonne , c'est ton histoire de sphaigne :
"Ah si…la sphaigne entre dans la composition de la tourbe….donc pas de compost à base de tourbe pour les neps de basse altitude si on décide de les cultiver assez chaud (ou si l’on vit directement sous climat tropical, comme moi)"
Par exemple madagascariensis , albomarginata et d'autres poussent en sphaigne selon la localité et reste des plantes de basse altitude ???
Les termes de la botanique ont leurs mérites , mais ils ne suffisent pas , leur concision technique ne pouvant restituer aucune sensualité .
(Francis Hallé)

Avatar du membre
Vince81
Administrateur
Administrateur
Messages : 4147
Enregistré le : 23 sept. 2007 20:16
Localisation : Paris

Message par Vince81 »

Hello,

Merci du point de vue.

Penses tu que c'est l'humidité relative qui est la plus importante pour nos plantes ou la quantité d'eau dans l'air?
Vince
Mes plantes
Mon terrarium highland
Liste de culture

"Il n'y a pas de plante difficile, il faut juste trouver les bonnes conditions"

Aide-toi et le ciel forum t'aidera.

Avatar du membre
Mad
Messages : 2207
Enregistré le : 07 févr. 2006 9:08
Localisation : Cergy (95)

Message par Mad »

Vince81 a écrit :Penses tu que c'est l'humidité relative qui est la plus importante pour nos plantes ou la quantité d'eau dans l'air?
Une analogie électrique : c'est le même problème entre la différence le potentiel et le potentiel absolu :wink:
L’ordre naît du chaos - Théorie du chaos
La botanique est l'art d'insulter les plantes en latin - Alphonse Karr

Avatar du membre
le grand lapin
Messages : 4806
Enregistré le : 31 août 2003 14:54
Localisation : Macouria Guyane_Française
Contact :

Message par le grand lapin »

hello,
Super le topo Grand lapin !!!
merci ! en espérant que certains détails sauront nous aider
après je te trouve un peu sévère quand à la culture en France !

hum.....j'ai toujours tendance à exagérer mes paroles, mais ce doit être un aspect psychologique de ma personne : en appuyant là où ça fait mal, on regarde mieux ce que l'on doit regarder !
en fait, ce que je dis sur le mode de culture en Europe est que nous, vivants en europe, nous "imposons" en quelque sorte notre "volonté" à une plante, nous "décidons" que la plante poussera dans tel ou tel compost (rappelez vous les théories d'il y a dix ans à peine sur les compost à utiliser pour les Pinguicula mexicaines...grâce au travail de E.Partrat, nous savons maintenant que ces théories étaient erronées)

en fait, tout se passe comme si l'homme moderne (dans le sens de "civilisé, technologique"etc....vous me suivez ? ) voulait imposer"sa" volonté à la nature, et qu'il se questionne sur le "pourquoi ça marche pas ? " sans se dire que c'est peut-être lui qui est dans l'erreur.

oui, je suis un peu confus, je sais...désolé.
dans tous les cas, cette méthode "d'imposition" fonctionne dans 90% des cas, ce qui và très bien dans 90% des cas (les plantes sont adaptables, merci Darwin) si nous nous attaquons à des choses plus pointues, nos 90% fondent comme neige au soleil...et nos résultats avec. c'est dans ce sens que j'ai pu dire qu'en europe, nous faisions "n'importe quoi"

de même, j'exprime un "ressenti" à travers mes propres capteurs, et ce ressenti est encore une fois transformé par ma pesonnalité et par ma façon de voir les choses et du coup, nous ne sommes pas forcément sur la même longueur d'ondes.

ici, en effet, il ne s'agit pas d'argumenter "pour" ou "contre", il s'agit juste de "démontrer" ce que l'on veut dire.
à mon sens, la communication étant l'art de se faire comprendre, il est tout à fait "normal" d'user d'artifices de language pour exprimer plus "fortement" ce que l'on veut dire, surtout si l'on use de l'écrit.

bref...

concernant la podologie : je ferais une communication sur ce sujet plus tard, et à part, car le sol de nos régions tropicales est "spécial" : même les carnivores ont du mal à vivre dans des sols trop faibles en nutriments...si si !

concernant la sphaigne : Mat Jak : j'ai l'impression qu'effectivement tu penses "à la façon des européens" comme je l'ai décrit (sauf erreur de ma part, qui de toute façon est involontaire) ... en effet, tu parles de sphaigne, en me signalant que certains neps poussent dans de la sphaigne, autant "chez nous" que "là-bas" ...; effectivement, tu as raison, il y a des neps qui poussent dans des sphaignes, "là bas"...mais ce sont :
- primo : des sphaignes de "là bas" , non-sujettes à décomposition rapide
- secondo : en europe, nous utilisons des sphaignes nordiques, sujettes à décomposittion rapide (au dessus de 30°C, s'entend)

question : parlons nous de la même chose ? si "oui", alors ces subtiles différences seront d'importance pour toi, si "non", redonne moi une calotte et remonte la clé, puis repose ta question, j'aurais peut-être mieux compris :wink:

Avatar du membre
telepat1
Messages : 328
Enregistré le : 19 juin 2006 8:34
Localisation : Béziers
Contact :

Message par telepat1 »

super boulot....merci pour l'analyse..

David Streit
Messages : 130
Enregistré le : 13 févr. 2004 10:21
Localisation : Suisse

Message par David Streit »

Merci beaucoup pour ton article très intéressant!
Et c'est chouette de parler du climat tropical "lowland" :D

Meilleures salutations de Suisse où on doit atteindre les 170'000 lux aujourd'hui
...enfin, j'y connait pas grand chose, mais traduction = il fait très beau
David Streit

Avatar du membre
le grand lapin
Messages : 4806
Enregistré le : 31 août 2003 14:54
Localisation : Macouria Guyane_Française
Contact :

Message par le grand lapin »

hello,

coucou David ! le bonjour à Olivier si tu le vois un jour, et à notre très cher ami commun également.
en effet, 170 000 lux en Suisse, c'est pas mal pour bronzer, surtout à vos altitudes.
savoures ta journée

j'ai édité mon message initial et ai ajouté le Genlisea dans la liste de plantes trouvables ici.

!

mat jak
Messages : 1212
Enregistré le : 06 juil. 2006 0:59
Localisation : Bordeaux

Message par mat jak »

Coucou ,

Après je pense "européen" , ça oui condition oblige mais je sais aussi qu'il y a des substrats qui pourraient s'avérer bien plus proche des différents biotopes je n'en doute pas une seconde. Je ne demande qu'à essayer! :cool:
Ma question était surtout tourné vers la précision , comme quoi tout dépend de la sphaigne …et dans ce cas je suis d'accord avec toi .
Qu'utilises tu comme substrat pour les nepenthes et pourquoi cet étonnement entre là-bas et ici ???

J'attends le reste avec impatience en tout cas :D !
Les termes de la botanique ont leurs mérites , mais ils ne suffisent pas , leur concision technique ne pouvant restituer aucune sensualité .
(Francis Hallé)

kohleric
Jardinier Impérial de mon balcon
Messages : 2441
Enregistré le : 25 févr. 2005 17:35
Localisation : Champs sur Marne (77)
Contact :

Message par kohleric »

Salut,

Super topo en effet, c'est très intéressant.
concernant l'humidité en terra lowland j'ai un peu changé mes conditions depuis la lecture des différents reportages in situ sur le forum mais aussi en lisant les textes d'un botaniste allemand dont le nom m'échappe. On se rend bien compte que les plantes ne sont pas tout le temps à 80-90% HR 24H/24. Depuis un certain temps j'ai pas mal diminué l'humidité le jour (elle tombe à 60-70%), augmenté la ventilation (j'ai deux ventilo de pc qui brasse l'air en continu quand les lampes sont allumées) et les plantes vont très bien. De cette manière je limite les problèmes (champignons, odeurs etc).

Répondre